Un témoin de la Révolution française : Journal de Benjamin Cuendet de Sainte-Croix (Suisse), officier de la garde nationale à Lyon, 1769-1815 : ouvrage orné de deux portraits et de planches en fac-simile
— JL —
— Le 15, l'on a reçu des nouvelles que l’armée Russe a été défaite près de Châlons-sur-Marne par le commandement de notre empereur |.
— Le 18 février, il arrive à Villefranche 6000 de jolies troupes venant d'Espagne, et le 19, ils sont partis pour Mâcon chasser les Autrichiens.
— Le 1% mars 1814, les Autrichiens sont entrés à Mâcon?.
— Le 6 mars, il est revenu ici environ 18 mille hommes de troupes françaises.
— Le 15 mars, les Autrichiens sont entrés à Beaujeu, ont pillé et brûlé la maison et tous les effets de mon pauvre beau-frère / Laurent Cuendet) qui était dans son lit, bien maladeï,.
— Le 18 mars, nos troupes ont battu en retraite et les Autrichiens sont entrés à deux heures après-midi. [ls ont mis Villefranche au pillage et commis toutes sortes de cruautés.
— Le 11 avril, mon beau-frère, Laurent Cuendet, est mort à 4 heures du soir et enterré le 12, à 6 heures du soir.
— … Au mois de mars 1814, l'empereur de Russie et celui d'Allemagne et le roi de Prusse ont mis les Bourbons sur le trône,
d'une paix profonde, mais les alliés, qui prétendaient vouloir le bonheur des peuples, lui ont apporté la guerre civile ».
Le même journal annonçait ensuite la formation à Lyon et dans le département du Rhône, d’un corps franc « de voltigeurs et de partisans, chargé de harceler l'ennemi, de couper ses communications, de s'emparer de ses convois et de préparer ainsi son anéantissement sur le sol qu'il aurait souillé de sa présence » (cité par le Journal des Débats du 12 janvier 1914).
! Batailles de Champaubert, de Montmirail et de Vauchamp, du 10 au 14 février.
? Deuxième corps autrichien, commandé par les princes de Jesse et de Lichtenstein.
* Je tiens de ma mère que son grand-oncle, Laurent Cuendet, qui s'était élabli à Beaujeu après son mariage avec Laurette Sourd, était, en effet, dangereusement malade au moment de l'arrivée des Autrichiens. Ceux-ci ne linrent compte ni de son état alarmant, ni de sa nationalité suisse, mirent sa maison au pillage et la livrèrent aux flammes. On transporta, comme mort, le pauvre Laurent jusqu'à Villefranche, où il succomba le 11 avril suivant. La note de L. Tattet confirme donc, de tous points, ce qu'un correspondant de Chalon écrivait, le 7 janvier 1814, au Journal de l'Empire : « Toutes les personnes qui arrivent ici, toutes les lettres qu'on recoil sont d'accord pour dire qu'ils (les alliés) commettent d'affreux excès; ils ne se contentent pas de piller ce qu'ils trouvent, ils mettent à tous le pistolet suis la gorge pour savoir où l’on cache son argent. » {Journal des Débats du 13 junvier 1914.)