Une mission en Vendée, 1793
UNE MISSION EN VENDÉE, 1793. 287 «Je recois en ce moment, citoyens, la lettre de votre collègue Barère, par laquelle il m’apprend quele Comité de Salut public m'a nommé à la place de commissaire de l'instruction publique et m'invite à gagner monnouveau poste.Je vais m'y rendre avec le désir de répondre à votre confiance et la certitude que, du moins dans cette nouvelle mission dont vous me chargez, comme dans la première, je n'aurai d'autre guide que l'amour incorruptible du peuple. »
J'écris aux membres du club national :
« J'espérais, frères et amis, devoir rester encore quelque temps avec vous et travailler avec les patriotes bordelais à relever l'esprit public d’une commune qui, malgré les calomnies aristocratiques, va se montrer aussi sur la Montagne et concourir à distribuer les éclats de la foudre qui doit frapper tous les trônes. Je me formais une douce idée des civiques travaux auxquels: j'étais appelé et dont le succès charmait déjames yeux ; mais le Comité de Salut public de la Convention nationale a jeté les regards sur moi pour une place d’un des commissaires qui vont remplacer les différents ministres, etje ne puis différer de me rendre à mon nouveau poste. Dans un autre moment j'aurais refusé sans doute la marque de confiance trop grande qui m'est donnée. Dans un instant de crise révolutionnaire, il est défendu de s’'arracher aux pénibles mais précieux devoirs que la patrie impose. Frères el amis, je vous quitte, mais j'emporte avec moi l'espérance qu'à Paris je ne serai pas moins utile à régénérer l'esprit public de Bordeaux qu'à Bordeaux même. Ici permettez-moi de vous offrir une réflexion que vous ne sauriez trop avoir présente. Un homme est quelquefois utile, il n’est jamais nécessaire, et, s’il pouvait l'être, il serait dès lors dangereux