Variétés révolutionnaires

THÉVENEAU DE MORANDE 45

de Maupeou. Morande, toujours sans préjugés, offrit ses services à la police et, suivant le mot de Beaumarchais, de braconnier devint garde-chasse. I1 fut officieusement chargé de surveiller les réfuoiés de Londres, cette cour des miracles à travers laquelle nous fait circuler l'Histoire d'un Pou français (1781), monde de banqueroutiers en fuite, d'officiers partis avec la caisse de leur régiment, de prêtres défroqués convaincus d'escroquerie, de haute trahison ou d'attentats aux mœurs, gens à tout faire et capables de tout. L'avocat Linguet et son protégé Brissot de Warville, le futur girondin dont la conscience n'était peut-être pas ‘sans reproche, formaient l'aristocratie de cette société fort mêlée. De concert avec un libraire français nommé Boissière, ancien laquais chassé pour vol, qui monopolisait à Londres la vente des libelles politiques et des ouvrages obscènes, les réfugiés un peu lettrés rédigeaient le Courrier de l'Europe, gazette importante qui préoccupa tout d’abort les ministres de Louis XVI. Mais ceux-ci eurent bientôt des intelligences dans la place, avec Morande et Goësman, l'ancien adversaire de Beaumarchais, tombé de la magistrature dans la police, chargé aussi par Sartines et Lenoir de la surveillance des réfugiés, Boissière s’entendait avec eux, prenant des deux mains. Un curieux pamphlet, le Diable dans un bénitier ou la métamorphose du Gazetier cuirassé en Mouche (1784) par Pelporre, ou peut-être par Morande lui-même, raconte les aventures de l’ins3 %