Variétés révolutionnaires
THÉVENEAU DE MORANDE 47
de Paris, du 12 mars 1716 et plein de renseignements peu édifiants sur l'origine des premières familles de la pairie sorties depuis un siècle ou un siècle et demi de la moins digne des rotures. A coté des ducs et pairs à quartiers de noblesse suspects, en voici de bien authentiques, comme le duc de Nevers, le comte d'Hérouville, les marquis de Moutiers et de Langeac, qui épousent pour leur argent des courtisanes enrichies, tandis que, moins fortunées, d'autres brelandières ne peuvent épouser que de simples chevaliers de Saint-Louis dont elles font les croupiers de leurs tapis verts. Les détracteurs du temps présent verront, en lisant ces productions, que nous nous sommes fort moralisés depuis cent ans. Par exemple, il faut qu'ils aillent aux originaux, les spécimens les plus atténués de ces scènes de mœurs n'étant point faits pour trouver place ici.
Nous ne voulons nous occuper que du rôle politique de Théveneau de Morande repentant, et en particulier de sa collaboration au Courrier de l'Europe, à titre d'agent salarié du gouvernement. Le Courrier avait quatre mille abonnés en France. Morande obtint pour cette feuille une faveur considérable : la suppression de la censure, on devine à quelles conditions. Il commença à payer les complaisances du gouvernement en insultant son ancien ami Linguet, devenu suspect à la suite de ses publications indiscrètes sur la Bastille. Mais l'agent ministériel eut bientôt l’occasion de se