Variétés révolutionnaires

THÉVENEAU DE MORANDE 51

triotisme et propager les principes ». Mirabeau venait de mourir. Louis XVI, bloqué aux Tuileries, essayait de tromper l'opinion par les mensonges qu'il imposait à ses ministres. Morande, tout en se posant comme un précurseur de la Révolution, défendit les prérogatives royales. Continuait-il son métier d'écrivain à gages, ou était-il sincère? En tout cas, l'Argus émargeait à la cassette royale. C'est par ordre des conseillers de la cour que Morande entreprit dans son journal une campagne violente contre son ancien collaborateur du Courrier de l'Europe, Brissot, le rédacteur du Patriote français, le plus en vue à ce moment-là parmi les adversaires de la royauté qui, parlait de République bien avant Robespierre. Morande avait une vengeance personnelle à exercer, car il soupçonnait Brissot d'avoir donné à Manuel, l’auteur de la Police dévoilée, des renseignements fâcheux sur son compte. Le rédacteur du Pairiote n'eut pas de peine à répondre aux invectives de Morande : comme Cagliostro, il évoqua le passé de son adversaire; il rappela les chantages du Gazetier cuirassé et les coups de canne du comte de Lauraguais, le rôle de Morande comme espion de police à Londres, ses infamies, sa vénalité ; il cita l'opinion de tous les contemporains, y compris Voltaire, sur le compte du libelliste « dont, suivantle mot de Mirabeau, l'amitié fut un opprobre pour Beaumarchais ».

Morande répliqua dans l'Argus en rappelant les aventures douteuses de Brissot; mais, en dépit d