Variétés révolutionnaires
PARIS EN 1787 59 samment fournis par l'établissement. « Nous y avons trouvé, écrit Cognel, des distractions qui ne doivent pas se narrer dans ce récit. L'avantage de la capitale sur la province pour ces sortes de choses est très grand. On y peut employer fort agréablement quelques heures sans contracter aucune obligation pour le lendemain. » Les jolies et peu sauvages habituées du lieu s’amusaient à confisquer la . bourse de leurs invités, contenant et contenu, et quelques-unes éblouirent nos voyageurs en leur montrant de nombreux trophées de ce genre, souvenirs brodés parfois par des dames de la cour et abandonnés, un soir d’orgie, chez les locataires des galeries de bois. Il paraît que les petites bourgoises n'étaient pas non plus bien cruelles en l’an de grâce 1787; à propos d'une bonne fortune de Jacquimot, son ami inscrit sur ses tablettes les réflexions suivantes : « Ce n’est qu'à Paris que semblables choses peuvent se présenter : la ville est si grande, que d'un quartier à l’autre les maris ne peuvent savoir ce que font leurs femmes. » Il ajoute philosophiquement : « Cela contribue sans doute à maintenir l'harmonie dans les ménages. »
On suppose bien que le théâtre attira dès la première soirée les trois Nancéens. Sans quitter le Palais-Royal, ils pouvaient entrer aux Variétés, (il fallait y défendre ses poches contre les spectatrices un peu trop familières), et au Beaujolais, théâtre singulier où des acteurs de douze à treize ans mimaient les scènes, tandis qu'on parlait ou chantait