Vergniaud : 1753-1793
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l'énormité de la sentence du prévôt de Tulle et termine en disant avec une éloquence véritablement incomparable : s
« Magistrats citoyens, vous le savez, la raison des nations, comme celle des individus, n’est qu'une faible étincelle de la raison divine. Les passions les plus nobles ont leur ivresse. Celle de la liberté a aussi la sienne qui peut conduire à des égarements instantanés. Les grandes révolutions des empires impriment aux peuples des mouvements tumultueux dont la sagesse des hommes n@ saurait régler l'oscillation terrible. Elle n’est soumise qu'à la Toute-Puissance devant laquelle s'apaise aussi la fureur des flots. Des législateurs humains doivent lutter sans relâche au milieu de ces orages politiques pour prévenir tous les naufrages; mais des tyrans seuls peuvent punir comme des crimes des événements funestes qu'aucune volonté n’a préparés et qu’il a été impossible d'éviter (1).
Durieux fut acquitté et le plaidoyer de son défenseur, imprimé à 2,000 exemplaires, fut vendu au profit des accusés.
Lecteur assidu et fervent disciple de Voltaire, comme son protecteur Dupaty, Vergniaud avait acclamé la Révolution. Aussi la ville de Bordeaux, sûre de lui, fière de ses succès, n'avait pas hésité à l’adopter et l'avait appelé au conseil général de la Gironde. Quel chemin parcouru depuis dix années !’Le jeune homme pauvre, inconnu, isolé, anxieux du lendemain, que nous avons vu arriver naguère, a pris maintenant, par la seule puissance de son talent, possession de la grande ville, et il sent qu’elle lui confiera bientôt l’hon-
(4) Limoges, bibliothèque de la ville, Révolution dans les provinces, No du volume, 25,734.