Vergniaud : 1753-1793
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» L'homme de génie embrasse, dans sa pensée bienfaisante, tous les temps, tous les lieux, tous les hommes.
» Il n’est borné ni par les mers ni par les montagnes. Les siècles futurs sont tous en sa présence, et il ne craint pas de régler leurs destinées.
» Quand il a posé les principes généraux, il en fait découler des principes secondaires, qui sont, si j'ose ainsi m'exprimer, les ramifications de la législature universelle, et qui vont porter la vie et l’ordre dans chaque empire, suivant la forme de son gouvernement et dans chaque détail de son administration.
» Ainsi, pour être digne du titre de grand, le législateur doit joindre à l'imagination vive qui saisit l’ensemble des objets, l'esprit tranquille qui les analyse etle jugement sain qui sait appliquer à chacun d’eux en particulier la loi qui doit le régir. »
Tel est, Messieurs, le passé de l’homme que le département de la Gironde envoyait le 31 août 1791 à l'Assemblée législative. Le procès-verbal de son élection nous apprend que la proclamation de son nom fut accueillie par des applaudissements unanimes auxquels il répondit par ces paroles prophétiques : « Je jure de consacrer toutes les facultés de mon âme à la défense de la liberté ou de succomber pour cette sublime cause. »
La Constitution venait d'être votée; Louis XVI l’avait solennellement acceptée, et cette acceptation, reçue avec enthousiasme, semblait avoir fait renaître la confiance si souvent ébranlée depuis deux ans. La Révolution paraissait terminée, et on pouvait encore, dans ce passé d'hier, ne rien regretter. Si quelques violences partielles avaient eu lieu, l’Europe les avait regardées comme des crimes individuels, des excès