Vergniaud : 1753-1793

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de M. Lezaud qui, toujours dominé par la pensée du pays natal, gardant le souvenir vivace des nombreux succès quiavaient embelli sa jeunesse et de la blessure sans cesse douloureuse qui avait assombri son âge mûr, quittait tristement, mais avec le secret espoir d'y revenir, la Cour où son savoir et son zèle lui avaient fait prendre une place exceptionnelle.

Nommé bientôt Premier Président de la Cour de Nancy (1), élevé à la dignité de Commandeur de l’ordre de la Légion d'honneur, il recevait enfin la récompense suprême d'une vie judiciaire bien remplie et arrivait à la Cour de Cassation, « dans cet aréopage de la justice, au milieu de ces hommes mûris par le travail, qui, ayant mérité toutes les dignités, viennent, avec la fermeté d’une longue expérience, apporter dans les délibérations qui sont un enseignement pour tous, des trésors de science, de lumière, d’aperçus ingénieux et profonds (2) ».

Certes, son ambition avait lieu d'être satisfaite : son cœur ne l'était pas. Aussi, malgré les regrets et peutêtre les remontrances de ses collègues, il demanda, chose rare, à descendre, et vint se mettre à la tête de la Cour qu'il n'avait pas un seul instant oubliée.

Le séduisant avocat général de Limoges, l’habile

(1) M. Lezaud était entré dans la magistrature comme Substitut à Rochechouart le 15 août 1833, et avaitété successivement nommé Procureur du roi à Rochechouart, le 31 janvier 1836; Substitut à la Cour de Limoges, le 28 janvier 1838; Avocat général, le 6 décembre 1847; démissionnaire, mars 1848; 1° Avocat général, le 26 novembre 1850; Chevalier de la Légion d'honneur, le 13 février 1852; Procucureur général à Nancy, le 2 février 1853 ; Officier de la Légion d'honneur, le 15 juin 1855 ; Premier Président à Naney, le 31 octobre 1856.

(2) Discours d'installation de M. Lezaud, comme Premier Président à Limoges.