Bitef
L'AVENTURE THÉÂTRALE 1967 - 2006
Au moment où Bitef fut fondé, vers la fin des années soixante du XX siècle, les théâtres terminaient l'expérience du théâtre moderniste et engagé, les années soixante-dix et quatre-vingt étaient emportées par la révolutionnaire révision post-moderne et moderniste et les années quatre-vingt-dix furent celles de la la démolition décisive des frontières entre le dramatique et le dansant.. Nous sommes déjà bien avancés dans la première décénnie du XXI siècle et nous nous demandons toujours quelle est la marque dominante du théâtre nouveau de la première décénnie du XXI siècle. Quelque chose se passe et nous nous demandons qu'est-ce que c'est, ce qui se passe. Bitef le demande également tout en sous-titrant depuis quarante ans son programme du sintagme nouvelles tendances théâtrales. Serait-ce la nouvelle sensibilité que nous apportent au 40 Bitef Marie Chouinard, Constanza Macras, Josef Nadj, Árpád Schilling et Lotte van den Berg, ou bien la nouvelle plasticité théâtrale du théâtre de Kirsten Dehlholm, Sonja Vukićević, Guy Weizman et Boni Haver? Ou encore les deux grands artistes de notre époque Peter Brook et Maurice Béjart nous rappellentils la vérité que le théâtre ne suit pas le rythme des calendriers et l'implacable relève des décénnies? _ Pour que le répertoire du Bitef soit encore plus provocant et de concert avec tous ceux appelés à l'agréer, j'ai invité ce printemps au jeu du choix W des spectacles la metteur en scène Anja Suša. Je lui donne la parole. Jovan Ćirilov
Bitef fut pour moi un des points clés où j'ai formé mon goût théâtral et ma sensibilité. Pour la génération faisant ses études à la Faculté des Arts Dramatiques au début des années quatrevingt-dix dans le pays fermé et oublié, ce festival fut l'unique endroit permettant de partir dans le grand monde qui nous était inaccessible alors Sans passeport, sans visas, sans argent et parfois sans billet nous, les étudiants de l'époque, comme d'ailleurs de nombreuses générations avant et après nous, nous rôdions par les couloirs des théâtres de Belgrade, nous louchions du haut de la dernière galerie, debout sur une jambe dans les salles bondées, souhaitant ardemment abosorber le plus possible de Bitef. C'était en quelque sorte une zone franche, Пlе du normal et de la beauté dans un monde qui coulait. Bitef représentait toujours un monde de réalité parallèle et tout en s'entrelaçant avec la réalité il réussissait à planer au-dessus sans se laisser toucher, pourrir. Je remercie Jovan Cirilov du grand honneur qu'il m'a fait en m'invitant à coopérer avec lui sur la création du Bitef. Je suis consciente de l'énorme responsabilité qui m'incombe étant donné la riche et importante tradition de cette institution théâtrale de six ans mon aînée. Ma plus grande joie c'est l'occasion de pouvoir apprendre près d'un homme qui connaît si bien et comprend en profondeur ie théâtre. Ma contribution cette année est petite au sens de quantité, car je n'ai pris le travail qu'au moment où ; le programme était en général établi. Cependant, j'espère que les spectacles Big in Bombay et L'Histoire de Ronald, le clown de McDonald's, signés par des artistes en vue du théâtre contemporain, tous les deux par le jeu du hasard des Argentins travaillant dans d'autres pays - Constanza Macras et Rodrigo Garcia, enrichiront l'idée du public belgradois sur les tendances les plus actuelles du théâtre contemporain qui font partie incontournable de tous les festivals européens tant soit peu importants. En ce qui concerne les productions et les spectacles de l'espace de l'ex-Yougoslavie la sélection de cette année pourrait être considérée comme commune. Dans l'attente impatiente du Bitef à venir nous travaillons déjà envisageant le suivant... Anja Suša