Bitef
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LA PAROLE DU SÉLECTIONNEUR NO LOGO Pour la première fois après quarante-trois ans, le Bitef n'aura pas son slogan. C'est délibérément que nous ne nous servons pas du terme „thème" car quel que soit le slogan, le Bitef a toujours son propre thème ou ses thèmes qui s'imposent d'eux-mêmes, étant donné que l'art du théâtre possède un infrangible lien avec le contexte social et politique au sein duquel il existe et auquel il réagit consciemment ou pas. Une telle décision est en réalité une sorte de réaction à une situation intéressante dans laquelle le Bitef s'est souvent retrouvé ces dernières années. Soit, avoir fait le compte des pièces de théâtre qui s'harmonisent ou pas avec le thème du festival, très souvent au détriment d'une évaluation voire analyse détaillée des pièces, ce qui au préalable empêche un débat sérieux et bien pensé entre experts sur le programme du festival. En vain toutes les explications du sélectionneur qui s'efforce de souligner que le thème est toujours consacré seulement à une partie de l'ensemble des pièces choisies, qu'il est établi d'une manière arbitraire afin de laisser de l'espace à d'autres interprétations et éclaircissements du sens même. Il est dérisoire de faire une comparaison quelconque avec d'autres manifestations semblables au pays ou à l'étranger, dont les thèmes ne sont aucunement traités de la sorte. Fatigué de la position peu enviable dans laquelle nous nous retrouvons souvent à la fin du festival, peu importe le grand nombre d'importantes productions de théâtre qui se retrouvent toujours au Bitef, et avide de thème qui peuvent être débattus avec le public, nous avons décidé que le thème/ slogan du Bitef de cette année soit le Bitef même, c'est-à-dire son programme. Sur ces quelques moments, nous avons voulu nous passer du rôle de „ sélectionneur - interprétateur" et permettre aux pièces cette fois de s'engager avec l'auditoire dans un dialogue informel et une communication imprévisible et non-directive. Ce qui nous intéresse cette année c'est l'idée de laisser le théâtre parler en son propre nom, d'avoir au premier plan le discours subjectif des artistes du théâtre libéré d'une interprétation subséquente du sélectionneur. L'absence du thème/slogan n'implique pas le manque de responsabilité, et il faut essayerde le comprendre comme une stratégie qui s'oppose au mercantilisme et au marketing, tout en faisant partie de l'esthétique no logo. Afin de ne pas s'appuyer seulement au sujet du slogan, qu'il existe ou pas, car d'après ce que l'on croit le slogan est la raison formelle d'un débat sur les autres, beaucoup plus approfondi et révélateur, des questions d'autant plus importantes auxquelles le Bitef fait face depuis son établissement jusqu'à aujourd'hui, telles que le mainstream et l'alternative, l'art et le théâtre commercial, l'institutionnel et le non-institutionnel etc., cette année le Bitef va devenir le lieu où l'on va interroger non seulement la société et les conventions sociales, mais aussi son propre soi. Soyez des nôtres! Anja Suša etJovan ùrilov