Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

PRÉFACE VII

tiale, voilà ce qu’il faut pour ne pas être détruits de fond en comble ». Oui. mais elle ne fournira pas un seul de ces cent mille soldats.

Toutes ses lettres ewropéennes,avec le prince de Ligne, le prince de Nassau, Zimmermann, Grimm, qui sont ses correspondants ordinaires, et avec qui elle pratique l'interview à distance, ont ce cararactère : ardentes déclamations contre « l’hydre aux 700 têtes » ; semonces belliqueuses aux souverains allemands ; exhortations pathétiques à la noblesse de France ; rumeurs d'armées russes qui, incessammenf, vont entrer en action. Si on n'avait d'elle que ces lettres là, on pourrait croire qu’elle n’a pas autre chose en tête que de corriger « l'Égrillarde ».

Tout autre est l'impression quand on revient à sa correspondance russe, sa vraie correspondance d'affaires, avec ses généraux, ses ministres, ses confidents, avec Potemkine, Ostermann, Repnine, Bezborodko. Cette correspondance, où l’on saisit l'impératrice dans ses préocupations réelles, ses soucis et travaux quotidiens, est sans doute bien loin d’avoir été complètement publiée. Elle qui a tout écrit, elle qui avait pris pour devise : Nulla dies sine linea, n'est-il pas surprenant que la quantité de ses lettres jusqu’à présent mises au jour soit si peu comparable à l’imposant monument épistolaire qui porte le nom de Frédéric 1[ ?

Mais, enfin, incomplète ou complète, prenons cette correspondance telle qu’elle s'offre à nous. Elle peut du moins donner quelque idée de ce que serait la corres-

pondance complète. Eh bien !on est étonné du peu de" FRET