Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

PRÉFACE IX

pasavec des sophismes qu'elle pourra entraverl'émancipation d'un peuple.

Aussi on la sent haletante d'impatience pour en finir d’abord avec la Suède. puis avec la Turquie, et pouvoir reporter ses troupes du Danube en Pologne. De la France, en tout cela, à peine est-il question. Catherine ne prononce même pas son nom dans sa correspondance avec Potemkine, à qui elle dit tout. Avec Zoubof, le favori en titre, il n'est question de la France que deux fois : un jour, pour l’argent à donner aux émigrés ; une autre jour, pour faire rechercher dans les précédents quel genre de deuil il convient de porter pour la reine Marie-Antoinelte.Avec Bezborodko, une fois : en juin 1791, pour arrêter la réponse à faire, si l'Assemblée nationale, qui a suspendu le roi, a l'audace de demander à êlre reconnue.

Et vraiment, au fond, que lui importait les affaires de France ? A-t-elle vraiment de l’affection pour le roi ? Non : ses lettres respirent un mépris à grand’peine contenu. Pour la reine ? L'exécution de celle-ci la laisse froide. Pour le comte d'Artois ? Elle a percé à jour son incapacité et son manque de cœur. Pour les émigrés accourus chez elle ? Elle ne voit en eux qu'un ennemi de plus à armer contre la France, afin que celle-ci soit suffisamment occupée chez elle, et surtout qu'elle y occupe suffisamment les puissances allemandes. Parfois elle se laisse aller à l’orgueilleuse satisfaction de jouer auprès des « princes français » le rôle d'Élisabeth auprès de Henri IV. Ou bien elle s’abandonne à la vanité de voir Pétersbourg devenir l'asile