Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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commencer par les avoir ; or, ils n'ont que des assignats, et cela pas suffisamment pour eux-mêmes: vous avez beau louer la tète du marquis de Bouillé ou Bouilly, elle n’est pas nette. » (4) |

Il s'ensuit que lImpératrice n’est pas surprise ni contrariée, quand elle apprend que Bouillé, confiant en la bravoure et en la réputation militaire du roi de Suède, est entré à son service. Ce qu'elle écrit à Grimm est caractéristique. « Je crains beaucoup que la tête du marquis de Bouillé n'ait reçu un rude échee par la fuite du roi manquée, mais il est très le maitre d’entrer dans tel service qu’il lui plaira : pour moi, je n'y gagne ni n'y perdrai, parce que les choses iront comme elles allaient sans lui chez moi.» Bouillé est comme tous ceux qui lui tombent entre les mains ; elle les trouve tous «avec la tête au-dessous de la besogne. » Que lui importe, en effet, que Bouillé conduise ses armées ou non ? Cela ne l’intéresse guère plus que de voir Volney rendant la médaille qu’elle lui a envoyée. « Pour à moi, éerit-elle à Grimm en 1799, il peut m’ètre fort indifférent qu'il ait cette médaille, ou qu'il ne Vait pas. Vous la donnerez dans l'occasion à un autre. »

Catherine, ainsi que lé dit Langeron, destinait-elle Bouillé à l'expédition vaguement projetée avec Gustave III d’une descente en Normandie? Cela est fort douteux. Il semble, au contraire, qu’elle avaiten vue d’attirer Bouillé en Russie pout profiter des services qu'il eût pu lui rendre. En 1791, on croyait à une rupture

(1) Lettre à Grimin du 16 septembre 1791,