Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MBILHAN 229

l'égard de la Révolution. Nous y gagnerons surtout quelques aperçus curieux sur le caractère et l'imagination de cette femme extraordinaire. Cest le prince de Ligne qui avouait qu’à son premier voyage en Russie il s’attendait à voir « une grande femme roide comme une épingle, » ne parlant que par sentences et demandant à ètre toujours admirée ; Catherine, qui rapporte ellemême le fait, ajoute que le prince « fut fort aise de s’ètre trompé et de trouver un être auquel on pouvait parler et qui jasait. » Dans le portrait que la Tsarine composera pour Sénac de Meilhan, comme dans les lettres qu’elle lui écrira, nous verrons comment Catherine entendait être jugée par l'histoire. Il est assez médiocre, à la vérité, de savoir ce que l'Impératrice pensait de Sénac de Meilhan ; mais les hommes doivent être rattachésaux évènements; c’est pourquoi la pensée de Catherine sur Sénac nous révèlera quelque chose des faits auxquels il fut mêlé comme des personnages qu’il fréquenta.

Mais c’est surtout l'opinion de l'Impératrice sur les principaux meneurs de la Révolution que nous avons dù négliger. Il serait curieux cependant de savoir ce que l’Impératrice pensait d'eux. A cet égard nous ne devons pas être exigeants. Catherine, qui de la philosophie a surtout aimé les philosophes, — à cause des services qu’ils lui ont rendus, — ne connaitra guère les révolutionnaires. A la vérité, sa pensée ne fait pas doute ; elle les comprend tous dans un mème sentiment d'horreur ; mais elle s’abstient de parler d'eux; il entre du dédain dans sa haine, et elle ne veut pas les connaître. Nous