Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents
NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 329
tout, et elle est peu disposée à appuyer autrement que par de chaudes sympathies la cause de l'Émigration. L'accueil qu’elle fait à certains de nos réfugiés politiques, leur donnant des titres et les autorisant parfois à servir dans ses armées, lui permettait de prouver qu’elle ne désertait pas la cause des souverains, mais en mème temps l’autorisait à ne pas faire davantage pour eux. Il est done peu probable, malgré le mouvement que se donnaient les Émigrés à Pétersbourg, que dans le silence du cabinet de la grande souveraine un plan relatif à la France ait été préparé par Sénacde Meilhan, ou que celui-ci ait été chargé d'en élaborer un.
Les préoccupations de Catherinellétaienttournées surtout vers la Pologne, où la Diète, dans la crainte d’un nouveau partage, venait dabolir le liberum velo et d'établir une hérédilé de rois. Elle se préparait à traiter avec les Turcs, se contentant d'Otchakof, afin de concentrer ses efforts du côté de Varsovie. Autant elle s'élevait contre l'esprit révolutionnaireen France, autant, dans un but intéressé, elle souhaitait faire le jeu des anarchistes dans le royaume de Stanislas-Auguste. Et ce qui prouve bien qu’elle ne songeait point à se mêler manu militarides affaires de France, c’est la façon dont elle répondit aux avances des Émigrés qui avaient la naïveté de compter sur elle, et à celles de l'Empereur Léopold. Nous avons dit qu’elle exagérait à plaisir les craintes que lui causait la Révolution française, afin de pousser plus sürement l’Autriche et la Prusse vers les frontières de France. La Prusse et l'Autriche occupées sur le Rhin,
elle avait ses coudées franches en Pologne et pouvait 21: