Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents
NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 335
ques lignes la souveraine trouve moyen de railler l’égalité établie en Francs et le peu de dispositions de Sénac de Meilhan pour le travail; elle lui donne enfin une lecon de bienséance et d'équité en maintenant dans leurs emplois deux bibliothéeaires qui n’ont pas démérité.
Arrivé àMoscou.M. de Meilhan ne se lasse pas d’éerire à l’impératrice; celle-ci met dèslorsmoins d’empressement à luirépondre. Ellereprend la plume cependant le 8 septembre. « J'ai reçu, Monsieur, vos deux lettres de Mos« cou, l’une du 29 d’août vieux style, l’autre d’un mer« credi. Je ne puis que vous remercier des sentrments « que vous me témoignez. » Pour donner un prétexte à sa correspondance, Sénae de Meilhan avait questionné la souveraine sur les sources auxquelles il devait puiser pour son travail; elle lui répond que l’histoire de Tcherbatofest raboteuse etennuyeuse, et elle ajoute :« l’histoire « de Tatischef est autre chose ; c'était l'esprit d’un homme « d'État savant et instruit de son objet. J'ignore ce que « c’est que la dissertation sur les anciens russes écrite « en français. Je ne connais pas non plus la correspon« dance de l'Empereur Pierre 1°". Je doute queses lettres, « ordinairement fort courtes, puissent être d'un grand « usage pour l’histoire. ». Puis revenant sur les difficultés du labeur qu’il s’est imposé, le décourageant sous forme de conseils, comme elle a pris à tache de le faire, elle continue : £ Vous ferez très-bien de ne pas écrire « avec précipitation, ce qui au fond demande des réfle« xions de plus d’un genre, surtout pour quelqu'un qui « ignore la langue du pays dont il a à parler, et pour « lequel dans ce pays ce qui le regarde tout est nouveau