Cayer commun des trois ordres du Bailliage de ***
O0) obflacles, pour vaincre les difficultés, pour repouffer les intrigues ?
Nous oferons dire plus ; nous ne craindrons point de révéler à la nation une grande vérité: c'elt qu'elle n'eft pas fufceptible du pouvoir qu'on veut lui attribuer. La déc ion des grandes affaires ne peut pas réellement appartenir à la multitude. Jamais, dans aucun tems, dans aucun lieu, même dans les gouvernemens les plus populaires, ce n’a été véritablement le peuple qui a formé fes loix. Les difcuflions même les moins compliquées font au-deffus de fes penfées & de fes connoiffances. Incapable de juger les chofes, ilne connoît que les perfonnes; il n’agit que par impulfon ; fes fuffrages font l'effet non des motifs qu’on lui propofe, mais de fa confiance dans ceux qui les préfentent: & ce n’eft point iciune vaine fpéculation; c'eft le tableau fidèle de toutes les affemblées populaires ; c’eft l’hiftoire de toutes les démocraties même les plus célèbres. Ainfi ce pouvoir qu’on voudroit réferver au peuple, ce ne feroit point dans la réalité le peuple qui l'exerceroit; il deviendroit dans chaque diftri& la proie de quelques hommes plus puiffans que les autres en richefles , en crédit, en réputation , en intrigues, en éloquence ; & ces hommes heureux en jouiroient fans rifque, parce qu’ils ne répondroient d’aucune délibération, & que toutes leurs erreurs & Jeurs fautes recouvertes & autorifées par les fuffrages populaires, ne leur feroient jamais imputées. Puifque le peuple n’a de motif de décifion que fa confiance, pourquoi divifer