Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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que vous lui avez demandé, et duquel j'espère que vous aurez lieu d’être satisfait. La jeune personne a vraiment de l'esprit, de l'intelligence, et une heureuse mémoire. Je la crois digne de vos soins ; je suis même persuadée, qu’auprès de vous, elle ferait votre bonheur, mais, monsieur, que je serais mortifiée de la perdre ! Je suis cependant bien éloignée de l'aimer pour moi. Je préférerai toujours votre satisfaction et la sienne à la mienne propre, mais je répète que je serai vivement touchée si le père me l’enlève, comme déjà il me l'a annoncé. Ne craignez rien, je vous prie, sur la confiance que vous m'avez fait l'honneur de me témoigner. Je sais garder un secret; vous pouvez compter sur ma discrétion. J’oubliais l’article de la toilette. Je suis flattée, monsieur, de penser comme vous Sur ce point qui est vraiment important par ses suites. La seule réforme que j'aie trouvé à mettre dans notre pensionnat il y a quatre ans, fut celle des dépenses frivoles à cet égard. Aujourd’hui il y règne la plus grande simplicité. »

Quelques jours plus tard, la supérieure lui envoyait encore «le bonjour » par un concitoyen, M. le chevalier de La Voñte, en partance pour Strasbourg. « Je me bornai à charger M. le chevalier de rendre une visite de ma part à M. de Butré, ce qui est sans conséquence, parce qu’il ignore entièrement qui est sa famille et qu’il existe dans notre communauté une nièce qui lui appartient, comme la jeune personne ne connaît pas non plus le chevalier ; elle ne l’a jamais vu.‘ » Etait-ce un épouseur futur que le chef de la famille devait inspecter incognito ?

Voici maintenant l’une des réponses de Butré, la première qui nous soit conservée :

« Ettenheim, 15 juin 1790. « J’ai reçu votre lettre dans le solitaire château que j'habite ordinairement l’été. J'étais au pied d’un pêcher, occupé à en

1 Lettre du 9 juin 1790.