Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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affaire de sa pension, j'espérerais qu'il me laisserait tranquille. Il faudrait au moins un an encore à la jeune personne, sans quoi on pourra regarder la dépense qui a été faite jusqu'ici comme presque inutile.

« Lorsque j'ai eu l’honneur de vous dire, monsieur, que cette aimable enfant ferait votre bonheur, je ne pensais qu’à l'agrément de sa petite société et aux tendres soins qu’elle donnerait à un oncle qu’elle chérit au-delà de toute expresSion, et je n’envisageais en aucune manière la gêne qui deviendrait indispensable avec une personne de cet âge.

« J’ouvre ma lettre pour succomber à une tentation à - laquelle j’ai déjà résisté plusieurs fois, celle de vous demander si vos occupations vous permettraient d'entreprendre un ouvrage sur le Cantique des Cantiques. Je n’en ai pu trouver d'explications qui m’ayent pleinement satisfaite. Il me semble, monsieur, qu'il n'appartient qu'à une plume comme la vôtre, de traiter dignement de choses aussi sublimes. »

Butré répond à cette demande au sujet du Cantique des Cantiques par quatre pages in-folio du galimatias Le plus pur, dont nous extrayons seulement le passage suivant qui montre, une fois de plus, quelle bonne opinion il avait de ses propres lumières

« Vous me demandez une explication du Cantique. Mais comment vous parler sur tous les merveilleux symboles de l'Ecriture, où vous n’entendez rien plus que vos théologiens, mais dont votre belle âme est vraiment digne ? Quel dommage qu’elle ait reçu de fausses interprétations qui, purement littérales, sont de la dernière absurdité ! il est impossible que vous trouviez aucune explication de ce Cantique ; vous

1 Nous avons trouvé dans les papiers de Butré un manuscrit de 98 pages in-4°, d’une écriture différente de la sienne, intitulé : Paraphrase du Cantique des Cantiques par un philosophe hermétique, 1768. C’est sans doute dans ce volume qu’il puisait sa science; la patience nous a manqué pour le vérifier.