Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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me marquer ; il a eu la discrétion de ne faire aucure question et Sa confiance en moi l’a laissé sans inquiétudes sur les moyens dont je me servirai. J'ai écrit à la maman dans les mêmes termes que j'ai parlé au papa... »

La correspondance a dû se poursuivre quelque temps encore, mais nous n’avons plus retrouvé qu’une seule lettre de la religieuse de Poitiers, datée de janvier 1791, et dont voici les principaux passages :

€... J’excite, à ce qu’il semble, votre pitié en vous parlant des mystères religieux. Je ne crois Pas Cependant m’oublier, cher solitaire, et m’écarter des principes reçus par l'Eglise universelle. Si je me trompe, prouvez-le moi et, sans hésiter, je me rétracte; mon âge ne sera point un obstacle à ce que je reçoive de nouvelles lumières. .… Vous traitez, monsieur, de petites choses ce qui m'occupe, et moi je trouve grand tout ce qui peut conduire à un bonheur immense et éternel et ce qui y à conduit tant d’âmes, j'entends la fidèle pratique des préceptes et des conseils prescrits par l'Evangile. La religion me faisant regarder tous les hommes comme frères, je n’en vois pas un seul en Souffrance, que je ne souffre moi-même véritablement avec lui. Il est Cependant vrai que les biens et les maux de la vie présente me paraissent de si peu de durée que je suis bien moins sensible aux maux du corps qu’à ceux de l'âme, ce qui n'empêche Pas, néanmoins, que je ne désire au prochain le bonheur du temps.

(En conséquence, monsieur, j’aurais du plaisir de voir à ma fille un sort assuré pour les besoins indispensables de la vie. Vous n’avez pas encore trouvé quelqu'un qui fût digne de votre adoption. Eh bien, mon cher solitaire, notre aimable enfant possède beaucoup des qualités que vous paraissez désirer. Mais pour ne vous pas tromper, je me crois obligée de vous dire, qu’en fait de religion elle n’a pas d’autres principes que les miens, et J'ajoute qu’elle y est aussi fortement attachée que je le suis moi-même. Cette chère enfant vous