Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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que la considération toutte particulière avec laquelle je suis, monsieur, votre très affectionnée servante. « À Rastatt, le 20 mars 1780. « LA MARGRAVE DE BADE. »

Nous aimons à croire que M. de Butré, en galant gentilhomme qu'il était, se hâta de revenir à Carlsruhe pour greffer les arbres fruitiers de la margravine ; c'était là d’ailleurs et ce resta de plus en plus le côté pratique de son activité économique et rurale. Exercé d’ancienne date au maniement des instruments de jardinage, il excellait à l’inoculation des greffes d'espèces plus fines et sa serpette resta en réquisition quotidienne, ainsi que nous le verrons plus tard, jusqu’à la fin de ses jours. En tout cas, il était revenu dans ses pénates provisoires au margraviat, quand il reçut la lettre du premier ministre badois, que nous reproduisons ici, parce qu’elle nous semble bien caractériser l'esprit caustique et le caractère enjoué de celui que le marquis de Mirabeau appelle quelque part «un homme aimable, intelligent, au-dessus de sa besogne, mais craignant la peine et aimant le plaisir »! :

« Mon cher ami Butré, C’est pour qu'il ne soit pas dit que j'ai couru toute la Hollande sans vous dire un mot, que je vous envoie les marques de mon souvenir d'Amsterdam; car, comme nous Courons vers la fin de la troisième semaine de notre absence, nous commençons à nous si bien presser que je compte être rendu à Carlsruhe presque aussitôt que mes lettres. La poste dans ce pays-ci n’est pas plus pressée que n’est la nation entière. Il faut huit jours pour qu’une lettre nous parvienne de chez nous. Je n’ai pas vu grand chose jusqu'ici, mon cher Butré. J’ai vu une journée entière le Roi de Suède et je lai bien et assez vu. Le Ciel se sert de moyens bien faibles pour établir le règne de la justice sur terre.° Je

? Lettre de Mirabeau à Butré. Paris, 26 février 1779. ? Comment s’étonner si le respect du pouvoir absolu s’en va, quand