Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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Mais en même temps qu’il s’occupait de magnétisme, Butré n’avait pas abandonné ses anciennes études sur l’art hermétique et s’efforçait même de lui gagner des protecteurs fortunés et haut-placés, soit pour travailler lui-même plus facilement à la réalisation du Grand-Œuvre, soit pour se procurer une influence plus considérable dans certains milieux aristocratiques. Car nous ne pensons pas qu’on puisse accuser Butré d’avoir jamais poursuivi, dans ces recherches fantasques, un but directement intéressé, ou d’avoir songé surtout à escroquer de largent à quelque prince ou grand seigneur trop crédule, en lui débitant des balivernes auxquelles il n'aurait pas cru lui-même. Il nous reste une pièce curieuse, datant de cette époque, et qui le montre, méditant quelque opération d’alchimie nouvelle, qui nécessitait sans doute une mise de fonds considérable. Nous devons supposer qu'il avait connu, soit à Carlsruhe, soit ailleurs, le prince de Fürstenberg dont l’épître suivante répond évidemment à un appel de fonds préalable. La prudence un peu craintive et le bon sens de son correspondant princier ne durent pas être du goût du pauvre baron.

« Monsieur, je vous réitère bien cordialement les remercîments que je vous ay fais faire, il y à quelque temps, par M. de Longschamp. Plus je pense à la proposition que vous avés eu la bonté de me faire et moins je me vois en état de seconder vos vues, car il n’y à peut-être pas de pays dans l’Europe, où il est moins possible qu’icy de ne pas inspirer de la défiance dans tout ce qui à l'air d’un mystère et je ne voudrais pas, pour tout au monde, être mêlé dans une pareille affaire, telle innocente qu’elle pourroit être, d'autant plus qu’il y a des gens en place qui seroit charmés de pouvoir trouver quelque motif pour me faire de la peine... Au reste je suis tellement persuadé que toutes ces sciences occultes ne mènent à rien que je ne voudrais jamais m’exposer à me donner par là du ridicule. Il y a à Vienne un prince de