Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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de ce système et depuis longtemps j'étais curieux de voir une de vos levées de culture. Vous venez d’en publier une, qui, à ce que vous dites, doit servir de modèle et de fondement pour instruire les sujets. Je l'ai mûrement pesé et quoiqu'il m’en reste encore bien des doutes à résoudre, néanmoins j'ai pris la résolution de faire une levée pareille sur les bases les plus importantes de mon grand-bailliage. Pour cet effet je vous demande encore quelques petits éclaircissements que l’importance de l’objet me semble rendre nécessaires. »

Après avoir formulé quelques questions très nettes et précises, relatives à la manière dont Butré avait obtenu les chiffres de sa statistique (nombre des arpents d’un village, total des charrues, chiffre moyen des familles, etc.), Schlosser termine sa lettre par ces mots : « Peut-être qu'après avoir bien saisi vos idées, je serai à portée de faciliter votre travail et de prépaper vos opérations, dont le résultat me sera bien respectable, s’il peut contribuer au maintien de la justice, du bon ordre, et du bien-être des sujets de mon maître. J'ai l'honneur d’être très-parfaitement, monsieur, votre très-

humble et très-obéissant serviteur « SCHLOSSER.

« Emmendingen, le 30 d’Août 1786. »

Le voyage de Butré sur les bords du Main avait eu également pour but de se rendre compte de l’état de l’agriculture dans l’Allemagne centrale; on voit qu’il ne chômait pas trop en définitive. Il envoya sans doute à Mirabeau la description de cette course d'exploration, car le vieux marquis lui répondait à la date du 16 octobre 1786, par une page fort intéressante de ses propres souvenirs, relativement aux contrées parcourues.

« J’ay reçu, mon cher monsieur, votre lettre écrite à votre retour de la tournée en Vétéravie. Notre ancien préjugé ne nous donnait pas ces cantons comme les plus plantureux de