Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)
CORRESPONDANCE INÉDITE 351
jamais. Il faudrait que Charles, après avoir fini Clarisse, où l’on ne fait point d'enfants, lüt à sa femme Grandisson et Paméla, où l'on accouche, on nourrit, on satisfait à tous les devoirs de la nursery. Cette bonne et chère Anastasie me fait un petit tableau charmant d'une petie campagne et d’un petit ménage. J'y remarque avec complaisance le nom de Charlotte; non seulement pour les soins de la maison, mais parce que je tiens beaucoup à ce que vous et Virginie ayez une femme de confiance avec vous. On en est mieux sous tout les rapports, frivoles et autres. Quant à Chavaniac, Madame, dirait ma tante, quelle imagination vous avez d’oser reprendre le pauvre garcon! Et je suis de l'avis de ma tante. Mais je vous ai déjà écrit sur la manière d’en disposer le plus avantageusement pour lui que nous pourrons. Simon nous suffit de reste; j'en suis fort content, et si nous avons une-troisième personne, il faut que ce soit une servante.
Voici une commission qui me tient fort à cœur; les aristocrates et les royalistes assourdissent l’univers des délices de l’ancien régime. Il semblerait, à les entendre, que le peuple français füt le plus heureux du monde; ils profitent de quelques rapports à l'Assemblée constituante, où vraiment on a un peu confondu les vexations tombées en désuétude avec celles qui ont subsisté jusqu’à la fin, pour assurer impudemment que les lis n'étaient que des roses. Tant de malheurs et de crimes ont souillé la Révolution, qu’on les objecte toujours à ceux qui parlent de l’ancien régime, et il semble qu’on ne puisse haïr celuici sans être l’apologiste de Robespierre. Je crois donc que, pour l'édification publique, il faudrait qu'un homme instruit, bon écrivain et bon patriote fit un