Correspondance politique et confidentielle inèdite de Louis XVI, avec ses frères, et plusieurs personnes célèbres, pendant les dernières années de son règne, et jusqu'à sa mort

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saire, n'être que l’effet de la précipitation et de l’inadvertance.

On peut à peine supposer que Virgile ait pu agir sans dessein dans un ouvrage aussi soigné ; et encore moins qu’il ait pu être coupable de précipitation et d’inadvertance dans le plus bel endroit de son poème. Ne seroitil pas plus raisonnable de penser que, quoique presque entièrement vendu à Auguste , le panégyriste de Marcellus ne put jamais effacer de son esprit le souvenir de ces vertus qui avoient illustré sa patrie ; de ces principes qu'un poète et qu’un Romain ne pouvoient méconnoître ni oublier? Ne peut-on pas soupconner que Virgile éprouvoit, dans certains momens , une vive douleur d’avoir déifié le vice, outragé la liberté , prostitué ainsi ses talens, et profanéunart divin, destinéà chanter la vertu , et à la faire régner sur la terre, par Vheureuse harmonie de la sublimité des expressions, de la beauté du coloris et de la vérité des tableaux ? Nepeut-on pas croire qu’il gémissoit en secret, lorsqu'il songeoit au sacrifice honteux qu’il avoit fait au despotisme