Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE VICOMTE DE NOAILLES 15

monter la fureur du peuple; Necker vient d’être chassé; le pouvoir personnel menace de reparaître; des troupes sont accumulées autour de Paris; on les dit destinées à mater l’Assemblée, au besoin à la dissoudre ; la foule a détruit la Bastille; Noaïlles a assisté à cette protestation sinistre; il était là.

Le premier de tous les députés il arrive à Versailles, porteur de «la nouvelle désastreuse » ; il en fait le récit à la tribune : « M. de Launay, dit-il, avait fait tirer sur les citoyens (1). » Séance tenante, l’Assemblée le délègue auprès du roi pour demander l’éloignement des troupes. « Un escadron de hussards qui, le matin, s’est présenté dans le faubourg Saint-Antoine, a répandu une alarme générale (2). » Cette alarme est-elle justifiée ? La cour prépare-t-elle un coup d'État contre la libertéetcontre les représentants? Louis XVI s’en défend ; il faut le croire (3); mais son affirmation a contre elle les apparences. Les troupes royales occupent toujours leurs cantonnements. La révolte est partout; le peuple a fait entendre sa grande voix; il a décidé de ne plus supporter l'oppression qu'elle qu'en soit la forme; Noailles n’a pas peur: il laisse ce soin à ses collègues, « qui, nous dit le Moniteur universel, sont en proie aux inquiétudes et aux angoisses les plus dévorantes; des vieillards cherchant une heure de repossur des tables et des tapis; les plus délicats couchés sur des bancs,

(1) Moniteur du 15 juillet 1789. (2) Ibid. (3) Ibid.