Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

322 GOUVERNEUR MORRIS

sonnage, — aussi bien mon informateur avait-il l'habitude d'écrire pour lui des lettres à ses prétendues. Les histoires qu’on raconte sur son luxe asiatique sont fausses, et, quant à ses moyens, il est pauvre au point qu'il ne pouvait pas rembourser cinquante louis que mon informateur avait avancés. précédemment pour lui. Il vit en faisant des dettes. Mon informateur me dit qu’il s’est donné beaucoup de mal pour connaître le sentiment de Paris depuis le Directoire jusqu'en bas et qu'à l’exception de Barras et de Charles de la Croix, ils étaient universellement royalistes, c'est-à-dire tous ceux avec qui il a conversé !. »

Enfin, le 3 mai 1798 (16 floréal an VD) : « On dit que le parti de Barras a maintenant le dessus en France et Bonaparte en conséquence va à Rastadt?. » Ce n'était point Barras dont l'étoile montait ainsi à l'horizon, c'était Napoléon.

Jusqu'au jour de son embarquement pour l'Amérique (4 octobre 1798) Morris ne note plus guère queles embarras diplomatiques de la France et les nouvelles de la campagne d'Égypte ?. En-partant, au lendemain de la victoire navale remportée par Nelson, 1l écrit sur son Journal : « Les Français, quoique battus, n'ont pas été déshonorés. La résistance ne fut surpassée que par l'attaque. Le Turc a déclaré la guerre, Naples doit être évacuée et ainsi l'Europe est liguée contre la grande nation, — grande par ses entreprises, grande par ses ressources et grande par ses crimes. Sera-t-elle grande dans sa chute,

1, T. I, p. 342. Dans ses Mémoires, Barras, racontant ses relations avec les Lamotte, ne parle point de ce projet de mariage; mais il dit (t. I, p. A7): « Heureux de ne m'être pas engagé plus avant dans les relations Lamotte et d'avoir échappé à beaucoup d’autres intrigants de la Cour et de la ville, j'éprouvais le besoin de quitter cette capitale. » IL a dit plus hant (p. Lx) : « Un certain Valois, qui s'appelait baron, comme tant d’autres (alors et depuis) me présenta à sa sœur, qu'il appelait la comtesse de Lamotte. » Y a-t-il quelque parenté entre le baron Valois et le comte de Pfaffenhosen ? Quant au second projet de mariage, Barras y fait peut-être allusion dans ce passage (t. IT, p. 47) :-« Ce vénérable patriarche (M. de Tournon) nous reçu avec la politesse exquise des anciens chevaliers. Il avait soigné l'éducation de ses deux filles. L'une d'elles, qui a épousé le comte du Chaillant, s'est fait connaître par quelques pièces de théâtre et par sa correspondance avec le roi de Prusse. »

2. T. IL, p. 357. — 3. T. LL, p. 365-373.