Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

12/ LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

ticle VI: « La religion catholique, apostolique et romaine est « religion d’État, » car il rappelait un système de confusion du pouvoir civil et du pouvoir spirituel, qui sous les règnes de Louis XIV, de Louis XV et de Napoléon avait donné lieu aux pires excès.

Le roi Louis XVIIT, loin d’être un bigot comme le comte d'Artois, était un homme d'esprit et un bon vivant, plutôt admirateur de Voltaire que de Loyola. Il chercha maintes fois à refréner les fanatiques, au point qu'il fat un jour, par son propre frère, dénoncé au tsar comme un « Jacobin ». Néanmoins il était catholique, pratiquant à la manière de Louis X VI et des anciens gallicans et il ne pouvait se figurer que la France eût cessé de l'être. Il n'avait aucune idée des profondes racines que la philosophie du xvur siècle et les idées de la Révolution avaient jetées dans les esprits. Le catholicisme lui paraissait l’agent le plus actif de cette restauration de l’ancienne France qu'il voulait entreprendre et, par conviction plus encore que par politique, il voulait s'appuyer sur le Saint-Siège pour y réussir.

L'Église catholique, de son côté, réduite par la Révolution et par Napoléon à un rôle passif, même à un rôle de persécutée où à une quasi-servitude vis-à-vis du pouvoir civil, allait occuper .sa place comme principal soutien du trône et, grâce à la faveur royale, reprendre son activité missionnaire et conquérante. Malheureusement, comme enivrée de cette liberté dont, — sauf pendant la courte période de 1795 à 1801, elle avait été privée pendant tout le cours de la Révolution, elle allait en faire un usage trop bruyant, bien plus, en abuser même, pour la refuser à ses adversaires.

Deux partis bientôt se trouvèrent aux prises. Le premier se composait des royalistes et des ultra-catholiques qui, ayant rapporté de l'exil toutes les amertumes, tous les préjugés et toutes les rancunes des émigrés, révaient le rétablissement de la noblesse et du clergé, avec tous leurs droits et privilèges. Ce parti avait à sa tête le comte d'Artois (plus tard Charles X) et Talleyrand-Périgord, ancien archevêque de Reims, que le