Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

338 HISTOIRE

sées de douleur; Marie-Antoinette méditait sans espérance; madame Élisabeth et la fille de Louis XVI priaient comme les anges devant le malheur.

L'âme de ce monarque était trop belle pour les pompes de, la terre; elle brillait au-dessus des cilices. Cependant le danger qui menaçait Louis XVI avait soulevé le vieux drapeau de la monarchie ; il apparaissait sur les frontières, tenu par la main de Condé; il faisait une sommation à l’honneur de Ja vieille France; la délivrance du roi était le but des efforts et des sacrifices des sujets qui avaient couru aux armes; le petit-fils du vainqueur de Rocroy s'écriait : « J'irai, à la tête de « la noblesse de toutes les nations, combattre « pour briser les fers de l'héritier d'Henri IV, et « le sauver, »

Cette énergie alimenta le courage, mais elle alimenta aussi les haines, La lutte devenait flagrante : le terrain de la révolution était vide pour le roi; le terrain de l'émigration n’abritait que des vœux impuissans. Louis frissonnait pour les siens, et non pour lui, toutes les fois qu'il lisait dans les feuilles publiques les manifestes du dévouement. Son cœur les recueillait, comme si sa munificence avait un horizon. Ces tributs consolaient son âme, bien qu'ils y apportassent peu d'espoir. Le monarque fut vivement touché de la déclaration que fit Joseph de Condé, au mo-