Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

342 HISTOIRE

l'Évéque et le Petit-Châtelet n'existaient plas ; l'hôtel de la Force, avec ses huit cours et ses salles spacieuses, avait allégé le système pénitencier. Le poète Caraccioli, à la vue des lettres patentes du 30 août 1780, s'était écrié :

« Je l'ai baisé dix fois cet édit précieux, « Qui sur des malheureux étend sa bienfaisance. »

Ce fut dans les prisons où il y avait détention sans crime, que la révolution se rua avec le plus de violence ; ce fut là où il y eut le plus d’encombrement; là, où les glaives laissèrent les cadavres par centaines.

Paris était devenu une vaste geôle; les cloîtres, évacués à coups de piques, anudis par le pillage, avaient été transformés en geoles. Les Carmes, l'Abbaye, renfermaient l'élite de la noblesse et du clergé; partout il y avait des fers et des larnes. L’émeute écumante, sapant la loi comme les conventionnels sapaient la monarchie, jeta un cri sauvage ; il retentit et ne fut pas comprimé.

« Aux prisons! aux prisons! » et les hordes hurlantes se groupèrent pour marcher au meurtre. Des hommes encore teints du sang de la veille, des femmes avinées se ruèrent dans les cachots. Les journées de septembre marquèrent la révolution d’une sanglante honte : pendant trois jours , le massacre des prisonniers terrifia la capitale. Des cris, des supplications, des scènes d'héroïsme, des vociférations retentirent ! pen-