Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

HISTOIRE DE LA THÉOPHILANTHROPIE. 45

mature à l’affermissement du gouvernement républicain, se déchaïna contre Ja Théophilanthropie et contre ceux qui la profes saient. À entendre les royalistes, cette société était un club déguisé, ses membres des buveurs de sang, de furieux jacobins. »

Ces calomnies purent bien perdre ia société dans Fesprit de quelques personnes; mais comme Chemin Jui-même reconnaît que les prédications Théophilanthropiques, qui respiraient une morale douce, pure et amie de la paix, démentaient d’une manière éclatante toutes les calomnies royalistes, il est évident qu'on ne saurait attribuer à celles-ci une bien grande part dans l'échec de la Théophilanthropie.

Ce que Chemin ne voyait pas, ce qu’il ne pouvait voir encore, mais ce qui devint bientôt évident, c’est que déjà la réaction produite par les excès de tout genre de la révolution, emportait les esprits bien au-delà de la Théophilanthropie, bien au-delà du protestantisme lui-même, vers le catholicisme, qui apparaissait de plus en plus comme le défenseur, le soutien naturel des idées d'ordre et de stabilité.

Mais nous aurons à revenir sur cetle disposition des esprits et à déterminer la part qu'il convient de lui assigner dans la chute de notre institution.

Une autre cause assignée par Chemin au rapide déclin de l’insüitution, c’est l’idée de ceux qui la dirigeaient, d’avoir à Paris des réunions de eulte trop nombreuses, dans des temples trop vastes, que la foule chrétienne pouvait seule remplir et qui n’offraient que des désavantages à une religion dont les exercices ne consistent qu’en instructions. La multiplicité des lieux de culte, le défaut d'organisation, le manque d’argent, la célébration simultanée, dans les mêmes lieux et aux mêmes heures, du culte théophilanthropique et des mariages civils, telles sont les causes par | lesquelles Chemin expliquait, dès l’année 1799, le déclin de la Théophilanthropie et sa ruine prochaine. Le fondateur de la Théophilanthropie pensait, à cette époque, que si les directeurs de Pinstitution si gravement compromise avaient le courage de revenir sur leurs pas, de se borner à un ou deux temples, d’avoir des locaux dont la forme et la disposition convinssent à