Histoire des deux conspirations du général Malet, str. 232

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bout de quelques instants, il monta, accompagné du capitaine Steenhower et de quatre gardes nationaux. Il pénétra seul dans le cabinet du général. « Je viens lui dit-il, vous annoncer une triste nouvelle; Pempereur est mort. Un sénatus-consulte, en date d’hier au soir, à aboli le gouvernement impérial; et je suis chargé de vous remplacer. J’ai de plus, ajouta Malet, une autre mission plus pénible à remplir, c’est de vous mettre provisoirement en état d’arrestation.» Hullin resta comme ahuri à ces mots. Une pâleur mortelle couvrit son visage.

Le général Malet pouvait croire peut-être que, à la nouvelle de la déchéance du gouvernement de lempire, l’ancien vainqueur de la Bastille, l’ancien protégé de Joseph Lebon, sentirait se réveiller dans son cœur les sentiments républicains dont jadis il s'était montré si prodigue. Mais, depuis, le citoyen Hullin avait donné de terribles gages à la tyrannie de Bonaparte. IL avait été président de la commission d’assassins qui avait condamné à mort le duc d'Enghien, et cela n'avait pas jeté le moindre trouble dans son esprit. Voyez avec quelle tranquillité d’âme il racontait, dans une lettre que j’ai sous les yeux, le tragique événement au citoyen général Macon, commandant des grenadiers de la réserve à Arras : « Le ci-devant duc d’Enghien, arrêté et