Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 219 prenez garde, il vous arrivera malheur si vous me retenez, prenez garde.—Eh bien ! nous verrons, reprit Laborde, qui montra en cette circonstance, il faut le dire, beaucoup d'énergie et de sang-froid.

Garrottés et bâillonnés tous deux, le général Malet et son aide de camp furent entraînés sur le balcon de Phôtel, qui donne sur la place Vendôme, et montrés aux soldats, à qui Doucet cria : « Mes amis, votre père vit toujours, Pempereur m'est pas mort; ces hommes sont des imposteurs. » Ces paroles jetèrent une sorte de consternation dans les | rangs de la garde de Paris et des gardes nationaux réunis sur la place. Il se fit au milieu d’eux un revirement subit. Le charme était détruit, et beaucoup de ceux qui tout à l'heure étaient disposés à crier : Vive la République! se mirent à crier, sans hésiter : Vive l’empereur!

Il en est des troupes prétoriennes comme de cette populace romaine dont parle Corneille, de ce peuple esclave, qui,

Inégal à l’endroit des tyrans, S'il les déteste morts, les adore vivants.

Le général Malet arrêté, la partie était perdue sans retour. Vainement a-t-on dit et redit que si Lahorie et Guidal avaient déployé plus d’énergie et d'activité,