Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 9

codes, d’où les légistes impériaux s’étaient attachés à proscrire l'esprit de la Révolution. Le Français était redevenu plus courtisan, plus servile, plus valet, plus rampant que jamais.

L'ancienne noblesse n’était plus ; mais Bonaparte en avait refait une à son image, étroite et mesquine d'idées, comme lui. Grands seigneurs un peu modernes, comme disait Chénier, ducs, comtes et barons pullulaient. Le maître avait constellé de croix, de rubans et de crachats la poitrine de ses valets, je veux dire de ses fonctionnaires, comme pour cacher la bassesse de ceux qui en étaient revêtus.

Voilà où était tombée la France, lorsque quelques hommes de cœur conçurent l’héroïque projet de la relever, de la retirer de labîme, de la rendre à ellemême, de l’affranchir de toute tyrannie, comme le disait Malet dans une de ses proclamations. On voit donc qu’en dépit des assertions de labbé Lafon et de la veuve Guidal, leur conception élait toute jacobine, c’est-à-dire républicaine.