Histoire des deux conspirations du général Malet

44 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

L'ancien ministre de la Convention, Garat, ne se gênait point pour exprimer dans des conversations particulières l’amertume de ses regrets de n’avoir pas vu se réaliser ses rêves d’idéal et de justice.

Lanjuinais, qui, avec quelques-uns de ses collègues de la Gironde, était venu échouer si tristement sur les bancs de ce Sénat, se ressouvenait sans doute parfois de ses anciens serments à la liberté, dont il avait si souventinvoqué le nom dans l'enceinte de la Convention, et à laquelle il s’était hélas ! montré peu fidèle.

Siéyès, lui, malgré la situation de fortune où l'avait mis son crime du 18 brumaire, n’oubliait pas qu’en définitive il avait été dupe dans cette néfaste journée, où il avait livré la France à une nuée de malfaiteurs. Ce sphinx de la Révolution, tombé si bas après avoir été si haut, ne se consolait pas de la place relativement secondaire où il était descendu. Il ne pardonnait à Bonaparte ni son influence annihilée, ni son prestige effacé.

Quant à Lafayette, il était resté le héros légendaire des premières journées de la Révolution. Personne ne doutait de l'attachement de ce vieil ami de Washington et de Franklin à la cause de la liberté. Et s’ilavait eu des défaillances au cours de nos discordes civiles, il les avait suffisamment expiées dans les cachots d’Olmutz.