Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 58

Le général Malet apprit avec une vive indignation le guet-apens de Brumaire; et s’il ne protesta pas, ostensiblement du moins, contre l'élévation de Bonaparte au consulat, ce fut, j'imagine, dans la crainte de perdre sa position. Il avait épousé, jeune encore, une demoiselle de Balay, qui lui avait donné un fils, et son père, qui avait quelques biens, l'ayant déshérité à cause de son attachement à la Révolution, il ne possédait, pour toute fortune, que son épée.

Cependant, s’il faut en croire un de ses biographes, d’ailleurs un peu superficiel, Pabbé Lafon, dont le témoignage se trouve corroboré par celui de l’ancien directeur de la police impériale, Desmarest, il se serait, dès cette époque jeté dans une entreprise aventureuse contre Bonaparte. Appelé à commander le camp de Dijon, où se concentraient, dans le plus grand secret possible, les troupes qui devaient former l’armée de Marengo, il aurait conçu, de connivence avec le général Brune, le projet d'enlever le premier consul à son passage par Dijon, Le général Brune, cet ancien ami de Camille Desmoulins, devait immédiatement marcher sur Paris avec son armée, et Malet se rendre avec son prisonnier à Besançon, où il aurait établi son quartier général.