Histoire des deux conspirations du général Malet

56 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

Il y a, je crois, beaucoup à rabattre des exagérations du charmant écrivain, dans son Æästoire des sociétés secrètes de l'armée. I] l’a écrite sur un fonds vrai évidemment; mais il la enrichie d'incidents romanesques, dont son imagination a dû faire presque tous les frais. Si la société des Philadelphes avait eu la puissance d'organisation qu’il lui prête, si le nombre de ses membres s'était trouvé aussi considérable qu’il le suppose, il ne lui eût pas été difficile d’attemdre son but, à savoir, la destruction du gouvernement de Bonaparte.

Quoi qu’il en soit, cette société n’en a pas moins eu une existence réelle, et très-réelle. Sans avoir jamais pu démêler d’une manière très-lucide les fils de son organisation, le gouvernement la connaissait bien, comme cela résulte d’une note de police que j'ai sous les yeux, et où le général Guillaume, dont nous aurons bientôt à nous occuper, figure comme appartenant aux P/rladelphes.

Les principaux chefs de l'association n'étaient connus que sous des noms empruntés à l'antiquité. Ainsi Malet, qui, dès son entrée dans l’institution, y avait été revêtu d’un des grades supérieurs, s'appelait Léonidas, nom si bien adapté d’ailleurs à son caractère antique.

Il avait été initié à cette sorte de franc-maçonnerie