Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 61

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consentirmême à une simple sollicitation pour obtenir ce qu’il croyait dû à à son mérite personnel.

Cependant, en lan XII, quelques mois avant la transformation du consulat en empire, il reçut, comme une sorte de fiche de consolation, le titre de commandeur de la Légion d'honneur. Cette décoration de la Légion d'honneur, monnaie courante de la corruption monarchique, avait été instituée deux années auparavant. Bonaparte, dans ses vastes pensées, avait jugé que la France républicaine ne pouvait se passer de distinctions honorifiques, de rubans et de croix, hochets puérils de la vanité, puisque les autres États de l’Europe, soumis au bon plaisir de souverains héréditaires, en étaient abondamment pourvus. Seulement il crut atténuer ce que l'institution pouvait avoir d’odieux et de ridicule aux yeux des patriotes en astreignant tous les membres du nouvel ordre au serment de fidélité envers les principes de la Révolution, dont cet ordre était la violation flagrante.

Ce fut d’ailleurs ce qui permit au général Malet d'accepter le présent qui lui était fait.

« Citoyen, écrivit-il à Lacépède, qui, en sa qualité de grand chancelier de la Légion-d’honneur, lui avait notifié sa nomination — on disait citoyen à cette époque — J'ai reçu la lettre que vous m'avez