L'année de la peur à Tulle

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La municipalité avait voulu se solidariser avec le Prévôt de la maréchaussée et avec les juges du Présidial. Ce fut une grande faute : dans l'affaire de Favars, la garde nationale et la municipalité pouvaient avoir fait leur devoir en arrêtant quelques paysans insurgés, mais cela n’impliquait pas que la cour prévôtale eût justement condamné ces mêmes paysans à a peine de mort, alors que l’accusateur publie, le procureur du roï, demandait sinon l’acquittement, tout au moins ia révision de la procédure.

M. Brival fut reçu à la barre de l'Assemblée nationale le 31 mai 1790. Cette Assemblée déféra les condamnés de Favsrs devant un autre tribunal. Un décret ordonna qu’au lieu d’être jugés par une cour prévôtale (tribunal d’exception) les crimes et attentats commis lors des émeutes ou attroupements, dans le Bas-Limonsin, seraient jugés par le Présidial de Limoges (tribunal ordinaire).

Malgré les nouvelles protestations du Conseil général de Tulle, le tribunal prévôtal ne pât obtenir gain de cause, et, nous le savons déjà, les accusés et condamnés furent plus tard acquittés, ce qui fût la condamnation définitive du tribunal prévôtal et de ses partisans. Mais, hélas ! cela ne rencit pas la vie aux malheureux paysans qui avaient été pendus |

Le 10 juillet 1790, M. Brival était de retour à Tulle. Nous verrons plus loin que peu de jours après, fin juillet, les 35 nouveaux administrateurs du département de la Corrèze le choisissaient comme procureur général syndic, la plus haute dignité du nouveau département. C'était un triomphe !