L'année de la peur à Tulle

attendu que le plaignant à fort peu de bien et qu’il ne vit que du produit de son travail.

Il y a plus, le plaignant avoit semé des poids avec la permission de M. D... dans un champ appartenant à celluy cy qui devoint etre partagés entreux. Quant ils furent murs, le plaignant les cueillit et les plaça dans une grange du sieur D..., quand il voullu aller pour les battre, il trouva madame qui luy dit : Je suis occupée à degaucher les derniers qui restent, nous finissons de les manger. Et elle luy promit qu'on lui donneroit du froment en remplacement, ce qui n’a pas été fait, et lesieur D... luy a retenu injustement cette recolte comme l’autre.

Quoique la plainte des plaignants soit tardive, ils ont neantmoins lieu d'attendre que la justice voudra l’accueillir favorablement et s’appercevra sans peine que les moyens de leur retard a été forcé, attendu qu’ils étoint sous la puissance de leur accusé qui leur tenoit pour ainsy dire le pied sur la gorge, ce qui les mettoint dans le cas de ne pouvoir se plaindre sans s’exposer à son couroux toujours dangereux et funeste pour ceux qui avoint le malheur d’encourir sa disgrace, même sans raison. Ce n’est qu’aujourd’huy, que nouvelle constitution qui change la surface de l'Etat ou plutot de ses loix antiques quils se voyent un peu plus libres etant moins exposes à la rigueur du tirrannique Empire des seigneurs,

qu'ils commancent à essayer leur liberté pour se plaindre des in-

justes vexations qu'ils ont eprouvées.

Dans cet état les suppliants ont recours à votre justice aux fins que ce considéré, Monsieur, il vous plaise leur donner acte icy en personne de la presente requette en plainte y faisant droit, leur permettre d'informer par devant vous des faits y contenus, circonstances et dependances et pour l'information faitte et commu. niquée à M. le Procureur du roy estre sur ses conclusions pourvu de tel decret que vous jugerés bon être, pour ensuite être par les plaignants pris telles conclusions qu’ils aviseront avec depens, domages et interest, et feres justice.

J. Puypegois, Boni.