L'année de la peur à Tulle

— tie

Aujourd'huy vingt-huit may mil sept cent quatre vingt onze, nous Pierre Lafajardie, cavalier de la gens darmerie au département de la Correze, residence de Tulle, ayant reçu ordre du sieur Eurand notre brigadier, d'aller porter deux lettres de la part du Directoire du département, adressée l’une aux officiers municipaux de Saint-Germain-les-Vergnes, et l’autre à ceux de la municipalité de Saint-Hilaire du Peyroux, sommes partis environ l’heure de midy et sommes arrivés en la paroisse de Saint Hilaire où jay remis au sieur Dupeyroux, maire de la municipalité, la lettre à son adresse, et avant d'arriver audit lieu, nous avons trouvé une troupe de paisants qui se sont mis à nous crier : « Foutu aristocrate, foutu Jean-Foutre, bougre de gueu, où es-ce que tu vas, nous t’avons assez defendu de passer en ce vais », cependant ces gens à nous inconnus, au nombre de cinq, armés de pelles à becher, et autres instruments, s'avançoïent devers nous et paroïssoient etre dans l'intention de vouloir nous assalir, ce qu'ayant bien compris nous avons fait prendre le galop à notre cheval jusque chez le sieur Dupeyroux où étant arrivé nous avons fait part de notre avanture audit sieur Dupeyroux qui nous a dit

que nous étions en danger en passant dans ce païs, et surtout de |

marcher seul, que nous aurions bien fait de prendre un habit bourgeois. À

Et sur ce qu’il nous à ajouté de prendre garde à nous en allant à Saint-Germain, nous avons passé, et fait route pour nous rendre en la dite paroisse par des chemins détournés et traversé les champs et les bois. Arrivé dans un vallon où passe un ruisseau que nous avons traversé, nous y avons trouvé beaucoup de paisants qui attrapoient du poisson échappé de l'etang de Combroux ou Favard, ces gens se sont mis à nous crier des sottises et à nous faire des menaces et comme ils se disposoient à venir à nous et qu'ils se mettoient en même de nous poursuivre, nous avons tiré en l'air un coup de pistolet pour les intimider ; sur quoy nous avons piqué notre cheval et sommes arrivé au bourg de Saint-Germain où nous avons remarqué qu'il y avoit une assemblée à cause de la fête votive de la paroisse. Dans ce moment l'on donnoit la benediction, et à la sortie du peuple de