L'année de la peur à Tulle

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tes de la commune de Brive à l’Assemblée nationale. En même temps les députés de Brive écrivaient une lettre au journal les Annales patriotiques et littéraires de France, lettre que notre impartialité nous oblige à reproduire :

ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES DE FRANCE (Supplément au n° 155 du 6 mars 1790)

Aux auteurs des Annales,

Nous vous prions d'insérer la présente dans vos Annales. Le meilleur moyen pour détruire d’odieuses calomnies, serait de présenter un aperçu général des troubles qui se sont passés dans le Bas-Limosin, troubles que les aristocrates nombreux de ce pays n’ont pas manqué d’exagérer avec leur malignité ordinaire, quoiqu’ils puissent bien eux-mêmes en être les auteurs secrets. Ne pouvant, dans un court espace, faire le récit des faits, nous nous bornerons à attester au public que les paysans de notre province sont en général d’un bon naturel; que dans tous les temps ils ont été cruellement vexés ; que malgré les calomnies qu'on a débitées contre eux, ils n’ont encore tiré aucune vengeance de ces vexations ; que dans les paroisses où les seigneurs avaient été tantsoit peu modérés dans leurs prétentions, ils n'ont pas fait le moindre mouvement si ce n’est pour planter des mai et se réjouir en l’honreur de la liberté; que, dans les paroisses où le désordre a régné, ce désordre a été le fruit ou de l'imprudence, ou de la cruauté des ci-devant privilégiés ; qu'aucun de ces derniers n'a été tué ni blessé ; qu'aucun château n’a été incendié, ni pillé, proprement dit, et que du côté des paysans on compte plus de trente hommes morts et un plus grand nombre de blessés.

Ce qu'ils n’ont eu garde de dire, les perfides ennemis du peuple, c’est l'attentat qu’ils ont commis eux-mêmes en publiant la loi martiale, sans le concours ni l’aveu des municipalités, et en tirant, pour la mettre à exécution, des coups de fusil sur un peuple désarmé assemblé uniquement dans l'intention de brûler les bancs d’une église.