L'atomisme d'Épicure
— KY—
Heureusement les opinions favorables sur le système de noire philosophe se sont formées, comme réaction aux attaques trop injustes (1). De plus, de nos jours la tendance d’examiner et d'évaluer justement l'épicurisme se fait sentir de plus en plus. L’atomisme d'Epicure commence à occuper une place considérable dans les histoires de l’atomisme. Puisque J'atomisme, comme la base des sciences naturelles modernes, a une importance inestimable, on doit respecter le travail du philosophe qui a ressuscité, approfondi et élargi la doctrine sur les atomes de Démocrite. Quoique l’atomisme matérialisie, comme doctrine philosophique, ne puisse pas se maintenir, parce qu'il reste impossible d'expliquer l'esprit par les mou-
parfaitement erronée de Martha : « Epicure n’a pas eu d'autre dessein que de renverser le culte. Il ne s'est pas proposé, comme on le croit souvent, un but scientifique. Sa science ne peut point avoir pour nous de crédit, parce qu'elle n’est qu'un expédient de polémique. (Ouv. cité, p 9).
Il est triste que de nos jours encore se maintiennent Sur Epicure des opiniond absolument inexactes. Ainsi Renault déclare à la page 16 de son Epicure : « Pour Platon, le fond des choses ést amour, unité, tendance yers le bien ; pour Bpicure le fond des choses est hasard, anarchie, individualisme, égoisme. » Si Renault est convaincu qu'Épicure a concu l'hypothèse sur la déviation des atomes pour donner un fond au hasard et à l'anarchie de la näture, et non pour expliquer la création des mondes et pour sauver le libre arbitre, et il croit que le philosophe n'a pas sufiisamment indiqué que le monde est gouverné par les lois, — alors son affirmation est exacte.
Le jugement de Joyau est le plus négatif, parce que lé plus futile: @Il serail inutile, croyons-nous, d'exposer en détail la physique d'Epicure ; il n'y a rien à en relenir ; cest un tissu d'erreurs dont quelques-unes nous feraient sourire » (Ouvr. cité p, 116-117). Il est bien commode de parler ainsi ! Seulement la méthode que Joyau a employée dans son livre sur Epicure n'engendre pas Ja science.
(4) Kant même lenait les Epicuriens pour les meilleurs physiciens de tous les penseurs de la Grèce. « Was man: aber auch inmer von den Epikuräern sagen mag : — so viel ist gewiss : si bewéisen die grôsste Mässigung im Genusse, und waren die besten Naturphilosophen unter allen Denkern Griechenlands » (Logik, 1801, S. 55). Outre les défenses savantes d'Arnim, de Windenberger et de Güdeckemeyer, Pillon a aussi constaté que l’atomisme «'Epicure s'est bien éloigné de celui de Démocrite, et que son originalité est incontestable (Etude citée, p. 90). Dans son excellent livre, Guyau ma, pas seu= lement donné une brillante défense ‘dé la Morale d'Epicure, mais il a aussi montré que dans les sciences naturelles et: dans Îles sciences morales et sociales l'épicurisme semble triompher (Ouvre cité p: 288), Nestle (Die Nachsokratiker, 1 Band, S. 29) mentionne que notre philosophe connaissait
*Jes principes sur la conservation de la matière et de Ja force ct la loi de
la causalité, et qu'il a traité la question sur Ja création des organismes, afin de combattre l'opinion que l'épicurisme est dépourvu de sens scientifique.