L'atomisme d'Épicure
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Encore plus catégoriquement notre philosophe refuse la sensibilité aux atomes. Il en donne des preuves de valeur inégale. Est-ce qu'il faut supposer que les atomes ont une sensibilité partielle, ou en fera-t-on des êtres vivants toui entiers? demande ironiquement Lucrèce. Comme une partie isolée du corps cesse d'être sensible, il faut faire des éléments sensibles des êtres vivants entiers qui sentent ce que nous sentons. Mais alors ils ne peuvent plus être les éléments des choses, parce que lous les êtres vivants naissent et meurent, tandis que les éléments sont indestructibles. Même si on suppose que les êtres pareils peuvent être les principes des choses, leur assemblage, incapable de produire des corps, ne formera ja-
mais qu'une mêlée d'êtres sensibles. Si on admet, — et ici se trouve le nerf de l'argumentation — que ces éléments dans
leurs assemblages se dépouillent de leur sensibilité propre, pour en prendre une autre, alors on a le droit de demander quel besoin on avait de leur attribuer une qualité qu'on leur ôte ensuite, et qui leur est évidemment inutile Comme on voit que des œufs se changent en poussins, et que les vers sortent de la boue, on doit conclure que les êtres sensibles naissent des atomes insensibles (1).
Le même raisonnement pourrait être tourné contre Epicure. Si on doit ôlen aux atomes, dont les êtres vivants sont composés, leur insensibilité dans les complexes qui forment ces êtres, alors pourquoi leur accorde-t-on l’insensibilité comme qualité fondamentale. Il est intéressant qu'Epicure cite la génération spontanée, pour prouver que les atomes sont insensibles (2).
Notre philosophe prouve encore d'une manière spiriluelle que les atomes ne sont pas sensibles. Puisque les atomes sensibles qui composent l'homme lui doivent être semblables en tout, ils doivent donc parler, rire et raisonner commie l’homme. Puis, ils doivent être, comme l'hom-
(4) Zbid. I, 902-950. (2) De l'hypothèse sur la génération spontanée d'Epicure cf. Jhid. II,
811-874 ; V, 783-600.