L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes
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dait la Dalmatie, tandis qu’au point de vue constitutionnel cette région faisait partie de la Hongrie.
En effet, les compromis échangés entre l’Autriche et la Hongrie en 18671868, puis entre la Hongrie et la Croatie, avaient décidé que la Dalmatie, la Croatie et la Slavonie formeraient un royaume triunitaire.
L’acte solennel qui constitue la charte des relations hongroises et croates, la Nacopa de 1868, indique, expressément, dans quelles conditions l’Union a été constituée. L'article { est ainsi rédigé :
« Le royaume de Hongrie, réuni à la Transylvanie, et les royaumes de Dalmatie, de Croatie et de Slavonie forment une seule et même communauté politique, tant par rapport aux autres pays placés sous le Gouvernement de Sa Majesté que par rapport aux puissances étrangères. »
Comme on le voit, ce texte n’établit pas de droit de suzeraineté de la Hongrie sur la Croatie et il est certain que l’mdépendance et l’égalité des deux allés étaient parfaitement assurées par cet acte constitutionnel. Dans différents articles de la Nacopa, la Croatie et la Slavonie sont même désignées après la Hongrie sous le nom de royaumes frères ou de pays associés. Or, on sait que ces royaumes frères sont devenus en réalité, et depuis longtemps, des royaumes ennemis irréconciliables.
Je ne veux pas quitter ce sujet sans rappeler que les difficultés auxquelles vont se heurter, prochainement, les aspirations politiques des Yougo-Slaves ont déjà été résolues, il y a un siècle, par la création du royaume d’Illyrie. L’Illyrie, ressuscitée en 1805 par Napoléon, s’étendait des sources de la Save aux bouches du Cattaro. Elle comprenait la Carinthie, la Carniole, l’Istrie, la Dalmatie et la plus grande partie de la Croatie. Elle ne survécut pas malheureusement à l’Empire, et on sait que, le 13 juillet 1815, le Congrès de Vienne rendait à l’Autriche l’Istrie et la Dalmatie. Mais l’idée de l’unité illyrienne devait subsister chère aux patriotes slaves comme celle de l’umité italienne devait survivre au dépècement de 1815. L’Illyrisme a survécu longtemps au traité de Vienne et, dans ces derniers temps, il s’est incarné dans deux hommes : l’évêque de Djakovo, M£r Strossmayer, et Starcevitch. L’un et l’autre, par des moyens différents, ont caressé le rêve d’un vaste fédéralisme groupant tous les Slaves du Sud, sans distinction de religion, dont la Croatie serait le centre et Zagreb la capitale.
Il faut souhaiter que l’alliance qu’avaient formée, en 1905, les principaux partis croates et serbes de la Dalmatie et de Croatie-Slavonie pour lutter contre l’Autriche-Hongrie persévérera pour une union définitive et que la fameuse conspiration du silence, lors de la venue à Raguse, en 1906, de l’archiduc François-Ferdinand, sera cette fois une manifestation joyeuse et retentissante pour la liberté et l'indépendance serbo-croate définitivement reconquises.
L'avenir dira si ce rêve peut se réaliser!
XVIII. — BOSNIE-HERZÉGOVINE On sait que l’empereur d'Autriche a proclamé l’annexion de la Bosnie-
Herzégovine par un manifeste du 6 octobre 1908, promulgué le lendemain à Sarajevo à l’indignation générale des populations de Serbie et de Bosnie. Il ne