L' École de Mars (1794) : avec une gravure en couleurs

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clameurs d'enthousiasme. Mais l’École restait immobile et muette. « L’image de la caserne, témoigne un élève, se dressait devant nous comme un épouvantable fantôme. »

Peyssard ne s’abusa pas sur ce silence. Si du moins deux outrois centuries l'avaient applaudi ! Il eût écrit à la Convention que l’École entière avait applaudi, et l’approbation de quelques-uns serait devenue dans son rapport l’assentiment général. Mais pas un cri, pas un mot. Il feignit de croire qu'il avait été mal compris, et brusquement, sans phrases oratoires et vagues, sans fleurs de rhétorique, comptant entraîner ses auditeurs par un coup d’éperon qui les fit au contraire regimber, il leur demanda si de généreux patriotes comme les enfants de Mars n’aimaient pas mieux demeurer ensemble que de retourner dans leurs foyers. Aussitôt, et d’un seul mouvement spontané, sur tous les gradins de l’amphithéâtre, les jeunes gens se lèvent et, brandissant en l'air la brochure rouge qui contient le décret du 1* juin, s’écrient unanimement : Dans nos foyers !

Décontenancé, tremblant de colère, Peyssard

leur ordonne de se taire et agite avec violence