L' École de Mars (1794) : avec une gravure en couleurs

58 L'ÉCOLE DE MARS

Peu à peu, même avant la date du 8 juillet fixée par le décret, les élèves arrivaient au camp. Le 4, quinze cents étaient déjà présents, et ce jour-là Le Bas et Peyssard écrivaient au président de la Convention que le vœu de l’assemblée serait sûrement exaucé, que la plaine des Sablons fournirait une pépinière d'hommes braves et vertueux, que la discipline, la haine des rois et l’amour de la liberté y étaient à l’ordre du jour. Un instructeur, pris de vin, avait été chassé par ses camarades : « il n'avait souillé qu’un instant l'asile de la tempérance. » Un élève du district de Dreux, Devesly, avait voulu se retirer et les représentants, après avoir épuisé les objections et les remontrances, avaient dû prononcer son expulsion sur le front du camp en arrêtant qu’il serait renvoyé à Dreux de brigade en brigade et placé sous la surveillance de l’agent national. Cette décision avait été accueillie par des cris unanimes de Vive /a République! et À bas les lâches ! et les cinq autres élèves du même district, émus d’une patriotique colère, étaient sortis des rangs pour se jeter sur Devesly et reconduire hors de l'enceinte de l’École cet « ‘être indigne des soins de la-mère commune ».