L'Herzégovine : étude géographique, historique et statistique

L’INDUSTRIE. 137

vallée de Popovo en compte plus d’un millier qui, pendant la saison d'été, vont exercer leur industrie jusqu’en Bosnie ; à l'hiver, ils reviennent chez eux, rapportent un petit pécule de 200 francs environ. Je ne crois pas exagérer en portant leur nombre à trois mille pour toute la province.

Le lien des corps de métiers existe encore ici. Chaque escouade de Popoviens, par exemple, est réunie sous un chef qui ne fait que diriger des maîtres assistés de compagnons et d'aides ; les chefs recoivent un tant pour cent en plus de leur paie sur le salaire des autres. Un aide gagne 6 à 8 piastres, un compagnon 8 à 10, un maître 10 à 14, et le chef environ 30 piastres. |

Les menuisiers indigènes sont peu nombreux; ils sont primés par les étrangers ; j'en dirai autant des cordonniers et des forgerons.

Le prix des provisions, qui s'élève sensiblement, influe peu sur l’augmentation des salaires, car ce n’est que l'offre et la demande qui font fluctuer la journée du travailleur. Ici, comme nile maître ni l’ouvrier ne courent l’un après l’autre, le salaire ne baisse ni n’augmente, selon la formule de Cobden; mais, par contre, le prix des aliments devient plus difficile aux petites bourses. Stuart Mill et Ricardo, qui ont écrit longuement sur le taux des salaires, dans leur rapport avec le prix des subsistances, ont posé ce principe : Tandis que le prix des marchandises est déterminé, d’abord par le rapport de l'offre à la demande, et, en second lieu, par le prix de production, le prix du travail est uniquement déterminé par ce premier axiome.