L'Herzégovine : étude géographique, historique et statistique

LE CLERGÉ ET LES ÉCOLES. 159

frères chrétiens ; la civilisation asiatique est venue s'asseoir à leurs foyers avec les versets psalmodiés et avec les ablutions sans nombre; la vie intérieure demeure chez eux un mystère ; le clergé n’a aucune prise ni aucune influence sur ces gens soumis aux lois désastreuses du Prophète.

Le chef spirituel est le mufti, interprète du texte sacré; les sentencès qu'il rend sont appelées fetva ; elles portent sur toute sorte de questions : divorces, héritages, ventes, contestations d'immeubles, etc. Ce personnage, dont l'influence dans les conseils du gouvernement est considérable, recoit 2,500 piastres, environ 500 francs par mois; c’est une sorte d’évêque, avec cette restriction qu’il est amovible. Le sacerdoce n'existe pas chez les musulmans; ils n’ont pas, comme les chrétiens, l’imposition des mains qui donne au prêtre un caractère indélébile; tel chez eux est prêtre qui demain sera fonctionnaire ou simple particulier.

A côté du mufti existe un tribunal appelé mehkémé , qui juge seulement d’après le Coran : il confirme les ventes et les achats de biens fonciers; il connaît des contrats, bails y afférents, et il délivre les Awdjet ou titres de propriété; il rend valides les mariages musulmans, les divorces, etc. Cette chambre est comcomposée d’un président, le cadi, et de deux assesseurs pris parmi les notables musulmans.

Les chrétiens, comme les précédents, recourent à la justice du mehkémé, ainsi qu'aux décisions du cadi.

Le service religieux est fait par les ämans ou prétres : ceux-ci ont pour fonctions de réciter les prières réglementaires, du matin, du midi, du soir, etc. ; ils récitent des versets du Coran lorsqu'ils accompagnent